Faire la navette jusqu’à la maison a toujours été pénible. Les chemins combres et venteux étaient de vrais aimants pour les accidents, les lignes électriques tombées, les inondations et les branches d’arbre qui finissent par les fermer. Le 23 octobre, c’est exactement ce qui c’est passé. Nous ne pouvions pas retourner à la maison, car le chemin était fermé en raison d’un accident. J’ai fini par rester chez un ami. Je pensais à Jesse, à sa mère et à ses frères; à quel point il serait pénible pour eux de rentrer, car l’accident était tout juste devant chez eux.
J’étais en cours de sciences, à l’arrière de la salle, lorsque j’ai eu le texto. Je n’oublierai jamais ce que j’ai ressenti. Mon estomac s’est logé dans ma gorge, et mon cœur, dans mon ventre. « Jesse s’est fait frapper; il est aux soins intensifs ». Le monde autour de moi s’est soudainement arrêté. Je me suis précipitée à l’extérieur de la classe, en pleurs, le cœur brisé.
Plus tard, cette journée-là, je me suis rendue à l’hôpital. Je ne m’attendais pas à voir ce que j’y ai vu. Là, sur le lit d’hôpital, se trouvait mon meilleur ami, mon premier amour, mon premier baiser… Ses yeux, mauves, étaient enflés au point qu’il ne pouvait plus les ouvrir. Sa tête était entourée de gaze; ensanglantée. On pouvait voir des écorchures partout sur son corps et au moins cinq machines étaient branchées à lui. L’une d’entre elles était sa seule source de vie.
Je suis restée avec lui jusqu’à au moins 23 . Le lendemain, à 20 h 26, on m’a appris qu’il était décédé. Je suis tombée à genoux et j’ai fixé le plancher. Je ne pouvais pas pleurer. Tout ce à quoi je pouvais penser, c’était que la seule personne qui me rendait heureuse était partie. J’ai sombré dans une dépression sévère et j’ai eu recours à l’automutilation pendant environ un an. Je me sentais comme si je ne pouvais pas continuer sans lui. À quoi bon?
Un an après sa mort, les choses se sont améliorées un peu. Je me suis habituée au fait que Jesse n’était plus parmi nous. Je n’ai pas suivi de thérapie ou de counseling. Je n’ai pas vraiment parlé à qui que ce soit, vraiment, alors que quand j’y repense; c’est probablement ce qui m’aurait aidé. La douleur s’est dissipée avec le temps. Et c’est là que j’ai réalisé que le temps est le meilleur remède. Si l’on ressasse les idées négatives, les choses ne s’amélioreront pas. Ce peut sembler être LA chose impossible à faire lorsqu’on perd quelqu’un qui nous est cher, mais si l’on continue sans cette personne, le temps aide à apaiser la douleur. On s’habitue à la réalité sans cette personne.
As-tu déjà perdu un être cher? Comment as-tu géré la situation? Partage ton histoire dans les commentaires ci-dessous.