Plus d’une année s’est écoulée depuis le meurtre de Tina Fontaine, à Winnipeg, MB. Lorsqu’on a repêché son corps de la rivière Rouge l’été dernier, c’était une vie écourtée de plus, ajoutée au bilan du problème des femmes autochtones disparues ou assassinées (FADA) au Canada.
Via cbc.ca
Aujourd’hui, on parle davantage de la question relative aux FADA dans les médias et au pays. Le gouvernement et les personnes occupant des postes d’autorité se sentent de plus en plus obligés de faire leur part pour résoudre cette question et empêcher d’autres décès chaque fois qu’une autre femme ou fille est portée disparue.
Pour une jeune femme autochtone, la vie quotidienne peut être terrifiante lorsqu’elle est originaire d’une communauté marginalisée et opprimée. Ce n’est pas du tout sa faute à elle, mais une conséquence de la manière dont le pays a été créé et de tout ce qui a suivi après la colonisation. Même si notre histoire est parfois sombre, il y a aussi beaucoup de positif. La culture, les traditions et les langues qu’on a cherché à nous enlever existent toujours, et elles sont magnifiques, dynamiques et sources de grande fierté.
Bien que la sensibilisation à la question des FADA soit une chose positive, elle peut être lourde à supporter pour une femme ou jeune fille autochtone. Après avoir suivi cette question de très près depuis plusieurs années, je pense souvent aux diverses situations de mon quotidien qui m’exposent au risque de devenir moi aussi victime de violence ou ciblée tout simplement parce que je suis une femme autochtone. Ces pensées m’empêchent parfois de faire ou de dire certaines choses.
Les cousines de Tina Fontaine ont parlé publiquement, récemment, de leur crainte d’être enlevées et d’incidents où des inconnus leur offrent de l’argent en contrepartie de faveurs sexuelles, ou les invitent tout simplement à monter à bord de leurs véhicules. Je connais malheureusement un trop grand nombre de femmes autochtones qui vivent aussi ce genre de situations.
Lorsque j’étais adolescente, j’ai moi-même vécu des situations où des hommes étranges me demandaient aussi d’aller avec eux et qui insistaient vraiment. C’était terrifiant. Je n’ai jamais accepté ces offres. Ce genre d’incident peut être suffisamment terrifiant pour qu’on reste enfermée derrière nos quatre murs, mais ce ne serait pas une vie, ça.
Il n’est pas sain de vivre constamment avec ce genre de crainte, parce qu’on ne peut vivre sa vie pleinement. Je crois qu’il est important d’être conscient de qui nous sommes, d’accepter notre rôle de femme autochtone et de ses aspects positifs, de vivre notre vie sans crainte dans notre cœur, tout en étant consciente qu’il existe des choses négatives.
Il est essentiel d’obtenir de l’aide quand on en a besoin, de parler à une personne en qui tu as confiance, de bien prendre soin de toi-même et de prendre les meilleures décisions possibles pour ta vie et ce que tu désires faire. Il est tout aussi important de s’entraider!