J’ai récemment participé à une formation au leadership appelée « Camp LEAD ». Je pensais que ça serait un peu comme les camps d’été en 6e année, où on s’asseyait autour du feu en chantant « Cumbaya », mais pas du tout. C’était très intense, en fait, et mes émotions ont pris le dessus à plusieurs occasions. Une des principales leçons que je retire de ce camp de formation est : ne te fie pas aux apparences.
Je me considère comme une bonne personne, et, avant ce camp, je ne pensais vraiment pas être quelqu’un qui juge les autres. Mais j’ai réalisé qu’en fait, je formulais en pensée, sans m’en rendre compte, beaucoup de jugements. Nous le faisons tous, c’est dans la nature humaine. Ce que j’ai vu, c’est que beaucoup de gens jugent mal les autres par envie ou par crainte. On se juge les uns les autres sans savoir quoi que ce soit de nos vies.
Pendant le camp, j’ai aussi pu constater que je n’étais pas seule, et ça m’a ouvert les yeux d’entendre tant de filles raconter les épreuves qu’elles avaient traversées, dont certaines étaient vraiment insoupçonnées. Nous étions 71 filles. Nous avons toutes rempli un questionnaire anonyme, et les organisateurs ont compilé les résultats.
Beaucoup de résultats étaient étonnants, mais un en particulier m’a bouleversée : le nombre de filles qui avaient subi une agression sexuelle. 59 filles, sur les 71 présentes, avaient vécu ce que j’avais vécu. Ça m’a assommée, vraiment. 59 filles qui avaient connu la même horreur et la même douleur, et pourtant, en les regardant, on ne l’aurait jamais deviné. Rien que ça, c’est un jugement, une idée préconçue.
Au camp, j’ai appris que beaucoup de gens traversent énormément d’épreuves sans que ça se voit de l’extérieur. J’ai aussi compris à quel point ces idées préconçues pouvaient être douloureuses pour ces personnes. La fille qui porte des shorts vraiment très courts et un chandail qui laisse voir son nombril n’est pas une pétasse. La fille qui met les mêmes pantalons deux ou trois jours de suite n’est pas sale. Tout le monde a ses raisons d’agir d’une façon ou d’une autre, et la plupart du temps, ces raisons sont invisibles.
Je pense qu’on peut beaucoup aider les femmes et les filles de nos communautés en célébrant nos différences, nos cultures, nos croyances, au lieu de se dévaloriser les unes les autres.