Le silence de la maison semblait les engloutir. Trois longues journées, mais ils avaient enfin arrêté de courir. Le tic-tac régulier d’une horloge l’aide à décompresser et elle tente de convaincre son cerveau d’en faire autant.
Mais il y en a trop et son cerveau continue de penser à demain. Pas d’argent, pas de maison, pas de revenus. Elle ne peut pas se cacher dans cette maison pour attendre qu’une solution lui tombe du ciel. Sa vie est cousue de problèmes à résoudre et plus elle y pense, plus il y a de choses à régler.
La voix dans sa tête qui attend plus d’elle, qui dit qu’elle doit se prendre en main semble l’emporter sur son épuisement et la douleur de sa semaine. Tout s’est passé tellement rapidement. Entre parler aux policiers, aux gens de l’hôpital et aux dames du foyer, elle se sent épuisée et se dit qu’elle souhaiterait, peut-être un peu, d’être encore sur la route. La fuite semble avoir été la partie la plus facile maintenant qu’elle se repose, et ses pensées la ramènent à sa tante. Elle lui a donné ce qui lui restait d’argent pour que Fallon puisse partir. Elle avait organisé qu’on la conduise au terminus d’autobus et qu’on ne sache pas qu’elle s’en allait.
Si seulement elle pouvait recommencer depuis le début. Sa vie avait tellement changé et si rapidement…Est-ce qu’elle l’a rencontré il y a un an seulement? Elle devait obtenir son diplôme le mois prochain…
Recroquevillée dans un coin de son matelas sans punaise de lit, ses pensées se sont tournées vers son corps. Ses bras ont étreint son unique souvenir de lui. Elle ne savait pas à quel mois elle en était, ni si elle était encore enceinte… Les pensées l’ont engloutie et la maison s’est estompée alors que la tension quittait son corps. Elle pleurait en silence, ses larmes glissant dans la taie d’oreiller. Lorsque les larmes ne coulaient plus, la taie d’oreiller humide se chargeait de lui rappeler qu’elle était toujours éveillée.
Ils étaient tous les deux en sécurité…pour l’instant. Quel qu’ait été son sentiment de solitude ou le désir de son âme de s’évader de ce monde, elle savait que son désir le plus cher était d’être forte et en sécurité. Il était temps d’en finir avec la faiblesse et la crainte.
Elle ferme les yeux et respire profondément par le nez. Elle imagine l’air qui se rend jusqu’au fœtus et tout doucement elle expire par la bouche. Elle se sent forte et s’endort enfin.
À suivre...