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Survivre à la violence

September 17, 2015
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Le témoignage incroyable et émouvant de Lani Elliott

Lani Elliott a grandi en foyer d’accueil, dans une petite ville de Saskatchewan. Enfant, elle rêvait d’entrer dans les forces de l’ordre, et à l’âge de 19 ans, elle est devenue gendarme spéciale au sein de la GRC, en espérant un jour en devenir membre à part entière.

Malheureusement, ses rêves ont été réduits en poussière quand son mariage a pris fin dans un acte violence inouï, suite auquel elle s’est retrouvée avec deux jambes cassées, à la rue, avec deux jeunes enfants à élever.

Lani a trouvé la lumière au bout du sombre tunnel de la violence. Aujourd’hui, elle voyage partout au Canada pour apporter son message d’espoir et inspirer ceux et celles qui sont pris au piège de la violence conjugale et souffrent d’un manque d’estime de soi ou de troubles de santé mentale.

Voici un extrait de son histoire détaillée et marquante, dont le texte intégral se trouve ici (attention : c’est très violent).


Je n’ai pas hésité. J’ai ouvert la portière côté passager et défait ma ceinture de sécurité aussi vite que j’ai pu. Je me suis jetée dehors; dans ma hâte, j’avais complètement oublié la chaîne. Mes jambes me faisaient toujours mal après la dernière rossée que j’avais subie, mais j’étais presque certaine que je pourrais au moins prendre une bonne longueur d’avance.

Je voyais la ferme un peu plus loin sur la route et j’ai prié pour qu’elle soit habitée. J’ai pensé que peut-être, par miracle, quelqu’un pourrait me sauver. Je n’avais pas pris le temps de regarder en arrière, et le premier coup m’a prise par surprise. Quelque chose m’a frappée derrière la tête, mais j’ai continué à courir. Après le deuxième coup, je voyais des points lumineux partout, mais j’étais déterminée à continuer. Le troisième coup m’a atteinte derrière les genoux. Horrifiée, je sentais le sol se rapprocher. J’ai compris à ce moment-là que ce n’était pas ses poings qu’il avait utilisés pour me mettre à terre. En tombant, j’ai roulé et je me suis retrouvée face à lui. Il tenait une batte de base-ball en aluminium. Il l’a levée au-dessus de sa tête pour frapper encore une fois. Il y avait un éclat qui se reflétait sur le logo rouge et argent. Il a souri de nouveau.

Je ne sais pas combien de fois il m’a frappée, mais je me rappelle très bien de ce qu’il a dit dans sa rage meurtrière. Il se plaignait de sa vie, il a dit que c’était tellement dur de trouver une femme qui ne soit pas une salope de tricheuse. Il a parlé de sa mère, et du fait que même elle l’avait trahi en le laissant sans défense face aux coups de son père. Il parlait de plus en plus vite, il n’arrêtait pas. Un fleuve de mots sans aucun sens sortait de sa bouche, et il commençait à s’essouffler à force de soulever la batte.

Soudainement, il s’est mis à pleurer, debout au-dessus de moi, et j’ai su que c’était fini. Je me souviens d’avoir regardé la cime des arbres le long de la route. Je me souviens de l’odeur de la pluie dans l’herbe et de la sensation du gravillon sous mon corps. Je me souviens d’avoir entendu le vent dans les arbres et d’avoir senti la pluie tomber, si froide, sans relâche. À ce moment-là, je croyais vraiment que j’allais mourir, et je m’y suis résignée. On dit qu’avant de mourir, on voit toute sa vie défiler devant ses yeux, mais jusque-là, je ne l’avais jamais cru. Pourtant, soudainement, une foule d’image s’est mise à danser dans ma tête.

J’ai fait une dernière prière avant d’abandonner complètement.

« Dieu, s’il te plait, je t’en prie, donne-moi une raison de me lever. Rien qu’une raison. » J’avais un sifflement dans les oreilles et je sentais le sang qui me coulait dans la gorge, son goût métallique. Mais par-dessus tout, j’ai entendu des pleurs lointains, les pleurs d’un enfant! J’avais oublié que JD était toujours dans l’auto. J’avais perdu toute notion du temps et tout sens de l’orientation, mais les pleurs de mon enfant étaient soudain pour moi le plus beau son au monde.


Mon histoire n’est pas une tragédie, et ne devrait pas être interprétée comme telle. Malgré les épreuves que j’ai traversées pour en arriver où j’en suis aujourd’hui (et peut-être grâce à elles), mon histoire est celle d’un triomphe! Aujourd’hui, je croque la vie à pleines dents, et je reçois chaque jour comme un cadeau. Parce que ce sont mes expériences, bonnes et mauvaises, qui m’ont permis de découvrir ma force, et les ressources que j’ai en moi pour faire une différence dans le monde, une personne et un jour à la fois. — Lani Elliott

 

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