Avant le 13 février 2014, j’ignorais gaiment les dangers auxquels sont exposées les femmes autochtones comme moi. Je haussais les épaules quand ma famille s’inquiétait pendant un périple en solo que j’avais entrepris entre la Nouvelle-Écosse et l’Île de Vancouver par le train, le bus, et en faisant du pouce.
Ils pensaient que ce serait moi qu’on retrouverait morte, mais ce jour-là, c’est ma sœur Loretta Saunders, enceinte, qui a été tuée pour la somme misérable de 810 $ par un couple qui sous-louait son appartement à Halifax, en Nouvelle-Écosse.
Ironie cruelle, elle écrivait sa thèse au sujet des femmes et des filles autochtones disparues ou assassinées, et des politiques colonialistes qui avaient créé les conditions dans lesquelles vivent les personnes marginalisées au Canada et qui perpétuent encore aujourd’hui la violence envers les femmes.
Ma sœur n’est pas morte à cause de son identité, mais ce jour de février, une voix claire et brillante a été volée à la communauté autochtone, et une jeune femme irremplaçable a été arrachée à ma famille. Sa passion, son application et sa compréhension profonde du problème rendent sa disparition d’autant plus tragique, et nous donnent, à moi et à ma famille, raison de continuer à défendre une cause juste.
Je me suis promis depuis de défendre sans relâche la vérité et la protection de toutes mes soeurs, et je partagerai avec plaisir mes expériences avec vous, ici, sur A4W.ca
Delilah Saunders écrit un blog sur son chagrin et écrira régulièrement pour A4W Live.