Bonjour. Je m’appelle Kelly Anderson et j’ai 32 ans. Je viens de la réserve de la Première Nation de Lac Seul, dans le nord-ouest de l’Ontario. Je suis née et j’ai grandi dans une petite ville du nom de Sioux Lookout, en Ontario. J’ai dû mener bien des batailles et surmonter de multiples obstacles, mais je suis en train de poursuivre mes études et d’améliorer ma qualité de vie grâce à l’aide et au soutien de nombreuses personnes.
J’ai poussé la porte du Conseil d’alphabétisation Sioux-Hudson pour trouver la confiance nécessaire qui me permettrait de retourner sur les bancs de l’école, et pour obtenir des conseils sur la façon d’atteindre mes objectifs. Mais tout d’abord, j’ai dû faire le bilan de ma vie et prendre conscience des choix qui m’ont menée là où j’étais.
J’étais encore très jeune quand j’ai découvert un environnement où régnaient l’alcool, les drogues, et où les grossesses chez les adolescentes et la violence étaient monnaie courante. J’ai commencé à boire et me droguer quand j’avais 16 ans. C’est là que j’ai adopté un train de vie destructeur. J’ai décroché du système scolaire et j’ai commencé à avoir des ennuis avec la justice. J’en voulais au monde entier et à mon entourage. Quelques mois plus tard, j’ai appris que j’étais enceinte de ma fille, Mary, puis je suis à nouveau tombée enceinte, de mon fils Arn.
J’étais une toute jeune adulte, une mère encore adolescente dans une relation marquée par la violence, avec un conjoint alcoolique et toxicomane. J’allais à l’école secondaire à temps plein pendant la journée, et je passais mes soirées à travailler, mais je n’avais qu’une idée en tête : me sortir de là. J’étais perdue et je n’avais personne vers qui me tourner pour obtenir des conseils. Pour combler ce vide, je cherchais de la compagnie.
C’est pendant cette période que j’ai perdu tout contrôle sur ma vie. Mes enfants m’ont été retirés et mon couple s’est défait. J’ai eu plusieurs relations, mais je subissais toujours des violences physiques, émotionnelles, psychologiques, et cela nuisait à mon estime de moi. Prise dans cette tourmente, j’ai appris le décès de ma mère suite à un tragique accident de voiture.
Une vague d’émotions m’a submergée par surprise : une solitude, de la dépression, et un sentiment d’abandon nourris par beaucoup de colère, de frustration et de haine envers les personnes impliquées dans le décès soudain de ma mère. Je ne pouvais plus réfléchir ni ressentir quoi que ce soit. J’étais en état de choc et je ne savais pas comment reconstruire ma vie. J’ai commencé à boire et à prendre de la drogue pour faire taire la douleur lancinante que je ressentais.