Monsieur le Premier ministre,
Avez-vous entendu parler de Marlene Bird?
Pouvez-vous imaginer que Marlene n’est qu’un exemple parmi tant d’autres des statistiques et commentaires que nous voyons tous les jours dans les medias? Vous comprenez sans doute que le temps est venu de reléguer aux oubliettes les systèmes et régimes qui aboutissent à tant de femmes autochtones portées disparues, assassinées, piégées et blessées, des femmes comme Marlene, nos sœurs.
La situation de Marlene est extrême, mais elle est avant tout une sœur, une mère, la gardienne de sa langue ancestrale, et surtout, survivante à de graves traumatismes. Marlene Bird est aussi la preuve vivante de la marginalisation des femmes autochtones par notre société. Pouvez-vous réparer les terribles erreurs du passé et mettre le Canada sur une voie entièrement nouvelle?
Les jeunes des Premières nations, inuits et métis forment le plus important groupe de leur catégorie d’âge. Parmi eux, les enfants de Marlene, et les miens. Le Canada va-t-il enfin regarder la réalité en face et aider à revivifier les familles autochtones?
Comme tout parent, je veux protéger ma famille au mieux de mes capacités. Mais ce que beaucoup ne comprennent pas, c’est que les familles comme la mienne vivent une réalité différente. Se mettre à la place d’autrui n’est pas chose facile, malgré toute la bonne volonté et l’ouverture d’esprit dont on peut faire preuve.
Une femme autochtone sur quatre subira une agression physique ou sexuelle au cours de sa vie. Face à ce genre de statistique, on ne peut que changer sa façon de voir le monde. La peur s’immisce dans toutes nos relations. Cette peur coule au plus profond de nos veines depuis de nombreuses années. Le traumatisme fait quasiment parti de nos moindres cellules, nous naissons avec; les aléas de notre existence font le reste. C’est un effet intergénérationnel.
Bien entendu, j’ai un parti pris sur le sujet. Je suis une femme autochtone, l’aînée de ma famille, et la première à obtenir un diplôme universitaire. En tant que mère célibataire de deux jeunes enfants qui ne sont pas encore prêts à prendre leur envol dans le monde, je ne peux qu’avancer et faire de mon mieux, tenter de donner l’exemple, d’inspirer et de faire entendre ma voix.
Allez-vous aider Marlene? Allez-vous aider ceux et celles qui grandissent au sein d’institutions canadiennes? Les jeunes entendent beaucoup parler de réconciliation ces temps-ci, et beaucoup de membres de notre communauté poursuivent des études et travaillent fort pour créer des alternatives et trouver des solutions.
S’il-vous-plaît, #AidezMarlene et aidez les familles autochtones!
Miigweech!
Chrystal Dawne