Nous savons tous que les Américains ont élu un nouveau président en novembre dernier. Les changements qu’avait annoncés Donald Trump pendant sa campagne étaient alarmants et discriminatoires, c’est le moins qu’on puisse dire, envers les femmes, les minorités, les immigrants les personnes de couleur et les Autochtones. Personne ne sait à quoi s’attendre de la part de M. Trump au cours des quatre prochaines années. Les Américains sont inquiets, et demanderont sans doute des comptes aux membres du Congrès.
Dans la foulée des élections, de nombreux Américains ont cherché à savoir comment immigrer au Canada pour échapper à leur nouveau gouvernement. D’ailleurs, le site Web du ministère de l’Immigration a été mis hors service par l’afflux des visiteurs le soir du scrutin. Étant donné le décret récemment signé par Donald Trump interdisant l’entrée sur le territoire américain des ressortissants de certains pays à majorité musulmane, le monde se tourne vers le Canada, terre d’accueil apparemment généreuse et ouverte au nord des États-Unis.
J’aimerais simplement rappeler à mes amis américains, et canadiens aussi, que notre pays n’est pas le Paradis sur Terre. Notre gouvernement est certes ouvert et accueillant vis-à-vis des réfugiés, mais beaucoup de Canadiens font encore face à la violence, à la discrimination, et au racisme alors qu’ils sont ici chez eux. Parfois, c’est le gouvernement lui-même qui a été l’auteur de ces violences.
En tant que jeune femme autochtone vivant au Canada, je ne suis pas immunisée contre cette violence. Amnesty International a rapporté que les femmes autochtones étaient trois fois plus susceptibles d’être victimes de violence : « Non seulement les femmes autochtones sont plus fréquemment victimes d’actes de violence, ces actes sont souvent plus graves », y lit-on. Bien que je vive dans un pays démocratique et développé, je reste prudente et je garde les yeux ouverts sur les problèmes qui y persistent.
Le Canada a une longue histoire de manque de respect et d’oppression vis-à-vis de ces citoyens, notamment des peuples autochtones. En 2015, un rapport des Nations unies un critiquait vertement le bilan du Canada au titre des droits de la personne. Le rapport critiquait le Canada à plusieurs égards, notamment l’égalité entre hommes et femmes, le traitement des Autochtones, la discrimination causée par la Loi sur les Indiens., la réponse « inadaptée » au problème des femmes autochtones disparues ou assassinées, la force excessive utilisée par la police et le manque d’accès à la justice pour les Autochtones. Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, un comité d’experts nommés par les Nations unies, se disait très inquiet de la situation actuelle des peuples autochtones au Canada, avec la menace qui pèse sur leurs langues ancestrales, leurs droits territoriaux et les titres qui y sont associés, pour ne citer que deux des problèmes relevés.
Les Canadiens, dans leur ensemble, ont beaucoup de chance de vivre dans ce pays, mais il n’est pas parfait, et il n’est certainement pas la quasi-Terre promise que semble imaginer le reste du monde. Avant d’envisager d’immigrer au Canada, j’encourage tout le monde à étudier d’un peu plus près la façon dont ce pays a traité ses minorités et les peuples autochtones au cours du siècle passé. Notre histoire a sa part d’ombre, et les effets du colonialisme et des pensionnats indiens se font toujours vivement sentir. Si tu veux venir ici, fais-le en connaissance de cause. Parle aux Autochtones d’ici avant de prendre ta décision, sans quoi tu risques t’être déçu(e).