Le 21 juin, nous avons célébré la Journée nationale des Autochtones, mais la fête nationale que l’on célèbre une semaine plus tard reçoit en général beaucoup plus d’attention, de festivités… et de déni de la réalité.
La fête du Canada, dont on célébrera le 150e anniversaire l’an prochain, existe depuis beaucoup plus longtemps que la Journée nationale des Autochtones, qui a fêté ses 20 ans cette année. Pourtant, les Autochtones habitent le même territoire depuis plus de 20 000 ans. Les célébrations officielles semblent inversement proportionnelles à la réalité.
Certains Autochtones choisissent de célébrer la fête du Canada, mais d’autres détestent les feux d’artifices au-dessus de terres qui ont été occupées, volées ou usurpées par de fausses promesses et des traités non appliqués. À cause de cela, de nombreux Autochtones ne se considèrent Canadiens qu’en second lieu, voire pas du tout.
On félicite souvent le Canada pour son progressisme, mais en matière d’égalité entre ses citoyens, en particulier entre ses citoyens autochtones et non autochtones, il a du retard. Les Autochtones sont dix fois plus nombreux dans les prisons du pays, deux fois plus nombreux à être au chômage, et font face à des taux d’homicide, de mortalité infantile et de décrochage scolaire de près du double de la moyenne nationale, liés la plupart du temps au traumatisme hérité du système des pensionnats indiens (un siècle de maltraitance institutionnalisée, ça vous dit quelque chose?)
Il y a aussi de plus en plus de femmes et de jeunes filles autochtones disparues ou assassinées, la moitié des enfants placés en famille ou en foyer d’accueil au Canada sont autochtones, bien qu’ils ne représentent qu’environ quatre pour cent de la population canadienne. Le taux de suicide est quatre à sept fois plus élevé dans les communautés des Premières nations que dans les communautés non autochtones, et onze fois plus élevé parmi les Inuits.
Les Autochtones sont souvent moins bien servis en matière de soins de santé, de logement, d’eau potable et de nourriture salubre, et les enfants qui grandissent sur les réserves bénéficient en moyenne d’un financement à l’éducation inférieur de trente pour cent à celui des écoles qui relèvent du gouvernement provincial. Pourtant, un sondage récent montre que de nombreux Canadiens pensent toujours que les Autochtones sont eux-mêmes les principaux obstacles à leur avancement social, et qu’ils bénéficient d’un traitement de faveur de la part du gouvernement fédéral.
Dans l’idéal, la fête du Canada devrait être une célébration de la liberté, de la prospérité et de l’égalité, mais de très nombreuses personnes n’y ont pas accès. Ainsi, la fête du Canada masque le passé oppressif du pays envers les Autochtones et d’autres « minorités ». Si tu célèbres la fête du Canada cette année, n’oublie pas que tout le monde ne vit pas cette journée de la même façon et que, pour beaucoup, elle commémore des événements douloureux.