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Un artiste de rue autochtone met l’itinérance derrière lui

February 04, 2016
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Trevor Jang et l’artiste Edgar Rossetti parlent d’obstacles surmontés

Edgar Rossetti, un artiste autochtone, a vécu régulièrement dans les rues du quartier « chaud » de l’est du centre-ville de Vancouver pendant près de dix ans.

« C’était vraiment dur, mais je n’ai pas lâché, et je suis toujours là, je continue de créer, » dit-il.

Je suis assis sur un banc, et Edgar est assis par terre à côté de moi, son dos large appuyé contre un arbre. Autour de lui sont éparpillés des tableaux, des toiles, des chutes de cèdre et des sculptures à moitié achevées.

Edgar dit qu’il consacre parfois jusqu’à 14 heures par jour à son art.

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« Ça m’équilibre, dit-il. Ça me détend. Je prends un pinceau et je le laisse aller. »

Il peint dans le genre traditionnel Ksan du nord-ouest de la Colombie-Britannique, mais il y met aussi son propre style, inspiré par la rue. Il vend juste assez de tableaux pour se nourrir.

« Juste à peine. Mais je fais ça par passion, pas pour devenir riche. Je reste là, pour être là. »

C’est toute une aventure qui l’a mené là, justement. Edgar est né à Prince George, mais on l’a enlevé à ses parents pour l’envoyer dans un pensionnat lorsqu’il était petit. Il lutte contre les souvenirs qui le hantent depuis.

« Ça ne m’affectait pas vraiment jusqu’à la trentaine, se souvient-il. Du point de vue de la santé mentale, tout ça. »

« Comme tout le monde qui est passé par les pensionnats, je me suis tourné vers l’alcool et la drogue. J’étais marié jusqu’à il y a huit ans, environ. Ensuite je me suis absenté du monde, disons, et voilà. »

Et il n’est pas seul.

C’est difficile à chiffrer exactement, mais on estime qu’il y a au moins 1 600 sans-abri à Vancouver, et qu’au moins 30 p. 100 d’entre eux sont autochtones. C’est une triste statistique, mais Edgar tient à rester positif.

« Il y a tellement de talent, dit-il au sujet des artistes de rue autochtones. C’est infini! Il y a des sculpteurs de partout sur la côte, toutes sortes de styles différents. Ksan, Côte Salish, Haïda. Viens voir! »

Aujourd’hui, Edgar n’est plus à la rue. Il a trouvé une petite chambre d’hôtel. Mais il continue de créer chaque jour pour nourrir son corps et son âme.

« Ça fait partie du traitement, pour rester loin de la drogue. »

Et il fait sa part pour la communauté : Il sert de la soupe à son église, à ceux qui sont moins bien lotis que lui.

« Ça me met de bonne humeur le matin. Tout le monde les oublie et les fait passer sous le tapis. Mais ces gens-là, ils ont besoin qu’on reconnaisse qu’ils sont toujours vivants et qu’on ne les oublie pas. »

Il a un message pour les jeunes, aussi :

« Reste à l’école. Ne finis pas dans la rue. Si quelqu’un te propose de la drogue, dis non.”

On a du mal à imaginer le talent, le potentiel et la bonté d’une personne comme Edgar avant de s’asseoir à ses côtés et d’écouter son histoire. Vers la fin de notre entrevue, j’ai sorti mon portefeuille pour acheter un de ses tableaux, et je n’ai pas pu m’empêcher de lui poser une dernière question : qu’est-ce qu’il aimerait laisser de lui?

« J’aimerais savoir que je n’étais pas rien. Que je comptais pour le monde, que je laisse quelque chose qui dit ‘voilà, c’était moi, c’était ma vie.’ »

Et que de beauté dans cette vie.

 

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