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Colonialism Skateboards : l’éducation par la « skate culture »

May 13, 2016
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Michael Langan appartient à la Première nation de Côté. Il a créé Colonialism Skateboards pour tenter de faire du sombre passé colonial du Canada une occasion d’enseignement positive, en aidant les autres à regarder notre passé commun en face et à en tirer les bonnes leçons.

Il a répondu aux questions de Nouveaux débuts au sujet de son organisation, de ses objectifs et de l’évolution de la conversation au sujet du colonialisme au Canada.

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Comment l’organisation est-elle née? Quelle en a été l’inspiration?

Tout a commencé quand j’ai voulu monter une entreprise de planche, mais je savais qu’il me fallait un but, un sens. Je voulais que ça se fasse dans le contexte de l’histoire des Premières nations.

Donc, j’ai commencé par m’informer. J’ai commencé à parler de questions qui concernent les Premières nations et les Métis sur Facebook, mais ça n’a pas mené très loin. Présentement, il y a un énorme malentendu et une vraie crise dans l’éducation. Beaucoup de Canadiens ne connaissent pas notre histoire commune, et c’est le gouvernement qui veut que ça soit comme ça. Les gouvernements contrôlent le système éducatif depuis longtemps, et décident toujours de ce qui doit et ne doit pas être enseigné dans les écoles. C’est vraiment formidable de voir des universités et des écoles adopter les recommandations de la Commission vérité et réconciliation un peu partout au pays. J’en suis très heureux!

Qu’espérais-tu accomplir en créant cette entreprise?

L’objectif principal de l’organisation, c’est l’éducation, et ça le restera. C’est très important que les jeunes, et tout le monde en fait, comprennent l’histoire coloniale du Canada. Le colonialisme est toujours présent dans les politiques publiques, ici et ailleurs dans le monde. J’espère que les jeunes commenceront à poser des questions à ce sujet, à leurs profs, leurs parents, leurs amis…

Les planches sont un outil pour intéresser les jeunes à notre histoire et, j’espère, les inciter à faire leurs propres recherches et à continuer ces conversations. Chaque planche est accompagnée d’une brochure d’information qui explique l’image imprimée et son contexte historique. C’est un début.

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Quelles ont été les réactions? Est-ce que tu en vends plus que prévu? Quels modèles ont le plus de succès?

Les réactions sont très positives jusqu’à maintenant. Je suis vraiment flatté par tous les commentaires élogieux. J’ai lancé l’entreprise avec une idée en tête, Reçu ma première livraison, j’en ai vendu quelques-uns, et ce même jour, j’ai commencé à recevoir des appels des médias. Je ne pensais pas me retrouver en première page du Leader Post, et encore moins me trouver au micro de Vice, de la CBC et de CTV!

J’ai de bons amis qui travaillent à Tiki Room Skateboards, à Pile of Bones, (Regina, SK). Ils me disent que plein de gens viennent acheter des planches Colonialism Skateboards, et qu’ils sont vraiment heureux qu’une entreprise comme ça existe. Je viens d’envoyer un lot à Ninetimes skate shop à Saskatoon, SK. J’ai reçu un message quelques jours plus tard pour me dire qu’ils avaient vendu toutes les planches et qu’ils voulaient passer une nouvelle commande. Il y a des jeunes qui apportent leur planche à l’école, et leurs profs leur disent « Ouah, c’est quoi cette planche? »

J’ai fait des présentations devant des jeunes dans des écoles élémentaires, secondaires et postsecondaires. Certains de mes amis planchistes ne comprenaient pas le problème du colonialisme au Canada, mais maintenant, oui. Certains d’entre eux ont une famille, et en achetant une planche ils parlent à leur proche de cet aspect de l’histoire. Des planchistes, des clubs de planche, des équipes, commencent à en parler. Ça fait partie du processus de réconciliation qui est censé avoir commencé. Mon projet fonctionne! C’est vraiment cool.

J’ai vendu presque tout mon inventaire. Colonialism Skateboards est une petite entreprise, donc je n’ai pas beaucoup de fonds à investir. J’ai beaucoup d’idées et de graphismes en tête, mais pour l’instant, j’en fais un à la fois. Il y en aura d’autres très bientôt. Je pense que les gens seront contents de voir l’information et le partage de connaissances qui accompagnent l’achat de mes planches.

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Est-ce que les planchistes non autochtones achètent aussi?

Oui, tout à fait. Je pense que tout le monde est heureux de voir une entreprise et un projet comme ça. Pour certains, c’est complètement nouveau. Comme je le disais, beaucoup de non-Autochtones n’avaient jamais entendu parler de colonialisme. C’est vraiment cool de voir un jeune avec une de mes planches sur une piste ou un parc de stationnement. Ça rend la question plus visible.

Est-ce que tu penses que la conversation au sujet du passé colonial du Canada évolue, pas forcément parmi les Autochtones, mais peut-être aussi dans les communautés non autochtones? De quelle manière?

C’est indéniable, il y a une évolution positive dans tout le pays. Avec la publication du rapport de la CVR, les gens sont plus au courant de notre histoire coloniale, mais encore de façon très superficielle. Il y a beaucoup de volets de notre histoire auxquels nous n’avons même pas touché. Cette évolution positive continue quand des gens achètent des planches chez moi et soutiennent l’entreprise, parce que c’est une autre façon d’aborder le sujet.

La conversation se poursuit partout. Les gens commencent à parler, à s’informer et à comprendre à quel point ce sujet est important. C’est un passé difficile à admettre et à avaler. C’est dur pour moi de lire des choses sur notre passé colonial. Je vois que la conversation peut évoluer vers un gros sentiment de culpabilité, mais les gens ne devraient pas se sentir coupables du passé. Ce qu’il faut, c’est en tirer les leçons et voir comment le passé se manifeste encore aujourd’hui. Regarder la vérité en face et commencer un vrai processus de réconciliation.

Les Premières nations souffrent toujours du passé. En tant que Canadiens, nous devons apprendre de notre histoire et faire avancer la réconciliation, pour les générations futures.

 

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