Le Musée des beaux-arts du Canada a inauguré le 25 novembre l’exposition des œuvres d’Alex Janvier, un artiste déné et saulteaux, et l’un des deux seuls artistes du « Groupe des sept autochtone » encore en vie, et qui devient ainsi le quatrième un artiste autochtone à qui l’on consacre une exposition exclusive au Musée des beaux-arts.
Janvier, originaire de Cold Lake, en Alberta, peint des chefs d’œuvre colorés qui allient l’iconographie dénésuline et les styles et techniques artistiques occidentaux. Elles font référence à la culture et à l’histoire autochtones et explorent son expérience des pensionnats et des effets de la colonisation, ressentis à travers les générations.
Lors du vernissage, Janvier a parlé de son expérience au pensionnat indien Blue Quills, et des cours artistiques hebdomadaires qui lui permettaient de tenir le coup et d’endurer le régime oppressif des pensionnats. Il y a perdu plusieurs amis, mais n’a pas perdu son goût de créer. Au fil des années, il s’est servi de ses dons d’artiste pour montrer au monde le visage sombre du Canada.
Au pensionnat, il a dû apprendre une langue qui lui était étrangère, et abandonner sa propre langue. L’art lui a permis d’exprimer son identité et de maintenir en vie cette partie de lui-même.
Aujourd’hui âgé de 81 ans, il a dit « j’aime l’art, parce que c’est ce que je suis. » Après avoir peint presque toute sa vie, il trouve impossible de séparer son identité personnelle de son art. Il a aussi parlé de sa peinture comme d’une porte qui lui donne accès au petit garçon qu’il était autrefois : « c’est comme une libération, » dit-il.
On ressent bien à travers ses œuvres l’oppression qu’il a vécue, mais aussi ce sentiment de libération. Janvier continue d’ouvrir sa porte à de jeunes artistes autochtones et de raconter son histoire, celle d’un Déné fortement attaché à sa terre. Son œuvre a été couronnée par un Prix national d’excellence décerné aux Autochtones en 2002 et par son accession a l’Ordre du Canada en 2007.
Le Musée des beaux-arts du Canada exposera plus de 150 de ses tableaux pendant cinq mois, jusqu’au 17 avril 2017.